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Anaïs BERNARD 

Les arts immersifs qu'est-ce que c'est?

Les Arts Immersifs apparaissent comme des dispositifs expérientiels où le positionnement du spectateur dans le dispositif est central, permettant une activation du vivant dans le corps de l’individu qui devient immersant en  produisant une nouvelle écologisation de lui-même dans le monde.

Les procédés mis en place par les artistes dès les années 90, ont pour but de (re)créer une sensation, parfois un sentiment, d’enveloppement et d’enfouissement permettant de solliciter une vision et un toucher  périphérique où l’environnement se déploie autour de l’immersant en mouvement. Ainsi, le point de vue se voit constamment modifier, entre monde fictionnel et espace tangible. L’espace/temps se voit redéfini à travers des réalités virtuelles qui invitent l’individu à transcender, transformer et modifier la façon dont son corps habite et vit sa réalité. L’individu par son rôle actif devient spect-acteur et se voit plonger dans une représent-action où l’immersion tant physique que cognitive, le sollicite à devenir partie intégrante de l’œuvre.  Nous rentrons grâce au numérique dans une ère où il n’y a plus deux réalités, mais bien une intégrative, celle du monde corporel.

Quand M. Duchamp avança que l’œuvre d’art dépendait du spectateur qui en achevait le concept, il ne devait pas s’imaginer à un tel remaniement, où l’objet fait place à l’expérience. Cet art d’un nouveau genre se trouve à  la conjonction des sciences neurophysiologiques et des arts du visuel recherchant une expérience incarnée de la cognition, des émotions et de la motricité rendu possible par le développement de nos nouvelles technologies et du numérique.  Il est possible d’observer à travers cette notion trois catégorisations : l’interaction, l’imsertion et l’hybridation qui permettent à l’individu d’incorporer un certain degré d’immersion dans le dispositif. Cependant, malgré tous les développements technologiques de ces cinquante dernières années, nous ne sommes pas en mesure ni de parler d’art total, ni même d’une immersion totale à travers un dispositif recréant une réalité virtuelle. Les technologies dont nous disposons ne nous permettent qu’une réalité sollicitant certains de nos sens – mais pas tous – privilégiant une implication émotionnelle du spectateur et ne laissant que peu de place à une réception critique.
 

Anaïs Bernard est docteure en Sciences de l'art et Arts plastiques. Sa thèse intitulée Traversée des réalités dans l'immersivité de l'art, vers une expérience spatio-temporelle esthétique, a été soutenue le 25 novembre 2016 sous la direction du Professeur Bernard ANDRIEU et du Professeur Claire LAHUERTA. Elle est rattachée au laboratoire ACCRA et enseigne comme ATER en Arts Visuels à la Faculté des Arts de l'Université de Strasbourg. Sa recherche se concentre sur les dispositifs artistiques entraînant une immersion du corps dans un environnement virtuel produisant de nouvelles images, des sensations et émotions d'un genre inédit conduisant l'immersant dans un schéma corporel qui lui permet de se (re)définir. Anaïs est lauréate du Prix de l'Observatoire NIVEA/CNRS (2012) pour ce sujet de recherche. Elle a contribué à des ouvrages tels que Corps du monde, Atlas des cultures corporelles (2013, Armand Colin), Manifeste des Arts Immersifs (2014, PUN) ou encore Immersivité de l'art (2015, L'Harmattan). Elle anime le blog Corps en Immersion.

 

Date de parution: 21 janvier 2016.

Date de parution: 1 juin 2015.

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